Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.
Le GIEC a établi six rapports d’évaluation multivolumes. Il a publié lundi 4 avril 2022 son nouveau rapport de préconisations, sous forme de scénarios, pour lutter contre le réchauffement de la planète. Ce rapport fait suite au deuxième volet du sixième rapport d’évaluation du Giec publié le 28 février 2022 qui portait sur les effets, les vulnérabilités et les capacités d’adaptation à la crise climatique. Quant au premier volet, en date d’août 2021, il concluait que le changement climatique était plus rapide que prévu.
Réchauffement planétaire de 1,5° C
Comment limiter le réchauffement climatique ? C’est une brûlante question pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, après deux semaines de discussions entre les 195 États membres, et 48 heures de retard dans la publication par les délégués du GIEC du très politique « résumé à l’intention des décideurs » qui nécessite de peser chaque mot.
Dans ce nouveau volet du sixième rapport publié, les experts détaillent, sur 17 chapitres et des milliers de pages, un éventail de scénarios et de solutions pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et ne pas dire adieu aux objectifs de limitation du réchauffement à +1,5 degrés ou 2 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle. Dans son premier volet publié au août dernier, le GIEC estimait déjà que l’accélération du réchauffement conduisait à ce que ce seuil des +1,5 degrés puisse être atteint vers 2030. Aujourd’hui, la situation est plus grave qu’estimée auparavant.
Trois ans pour garder une planète « vivable »
Malgré les efforts, le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs connus : seules des mesures rapides, immédiates et ambitieuses pourront permettre de contenir l’augmentation de la température globale sous les 2 degrés, et encore plus sous les 1,5 degrés. Très concrètement, il faut réussir à inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 si l’humanité peut espérer garder une planète « vivable« . Cela permettrait d’atteindre l’objectif de 2 degrés de réchauffement seulement, car celui (trop ambitieux) de l’Accord de Paris qui consister à limiter l’augmentation des températures d’1,5 degrés est de toute façon jugé « hors de portée« .
Pour cela, il faut des transformations majeures dans tous les secteurs. En 2019, nous dit le rapport, environ 34% des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité proviennent du secteur de l’approvisionnement en énergie (dont une partie sert à fournir de de l’électricité aux industries et à chauffer les bâtiments), 24% de l’industrie, 22% de l’agriculture, forêt et utilisation des terres, mais seulement 15% des transports.
Pour arriver à 1,5 degrés, il faudrait notamment diminuer drastiquement notre utilisation des énergies fossiles d’ici à 2050 : -60% à -70% des usages du pétrole et du gaz, une production mondiale d’électricité qui provient de sources bas-carbone ou totalement propres. Pour ce qui est du charbon, il est tout simplement exclu, faute de pouvoir pour l’instant bénéficier d’une technologie de capture du carbone.
Des émissions de CO2 au plus haut depuis 2010
En 2019, les émissions totales de dioxyde de carbone liées aux activité humaines ont atteint un niveau record de 59 gigatonnes (59 milliards de tonnes), soit une augmentation de 12% par rapport à 2010, et même 54% par rapport à 1990. Les chiffres donnés dans le rapport sont éloquents : sur la période 2010-2019, les émissions de gaz à effet de serre (le CO2 issus des énergies fossiles et de l’industrie, le méthane (CH4), le protoxyde d’azote, les gaz fluorés) ont atteint des niveaux jamais enregistrés dans l’histoire de l’humanité.
Depuis la révolution industrielle, au milieu du XIXème siècle, les activités humaines ont rejeté dans l’atmosphère l’équivalent de 2400 gigatonnes de CO2. 58% de cette somme globale a été produite sur une période de 140 ans, entre 1850 et 1989. Les données suivantes donnent le vertige et montrent l’aggravation de la situation : 25% entre 1990 et 2009, ce qui signifie que la seule décennie 2010-2019 représente à elle seule 17% de toutes ces émissions de gaz à effet de serre depuis 1850.
Toutefois, sur cette même période, la croissance annuelle moyenne des émissions a été d’1,3% par an, alors qu’elle était de 2,1% entre 2000 et 2009, ce qui signifie que le rythme d’augmentation a diminué. Ces dernières années, la prise de conscience générale, à travers les différentes COP notamment, a permis de mettre en œuvre des mesures d’atténuation du changement climatique. Des politiques prises autant au niveau national qu’à un niveau local. Mais selon le rapport, en imaginant que les engagements des gouvernements pris lors de la Cop26 soient tenus et même qu’ils renforcent leurs politiques actuelles, la planète devrait se réchauffer de +3,2 degrés d’ici 2100, avec des conséquences catastrophiques pour l’humanité.
Conseiller/conseillère
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Amélie HIMPENS est ingénieure agronome, diplômée de SupAgro Montpellier. Elle est reconnue pour son expertise de conduite de projets et de coordination de projet multi-partenarial sur la thématique de la transition énergétique, environnementale et climatique en agriculture en lien avec les territoires.
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Au Geres, depuis 2011, elle a pour mission principale de mettre en œuvre et de développer des projets sur les performances énergétiques et environnementales de l’agriculture, la gestion et valorisation des matières organiques résiduelles notamment à des fins énergétiques et le climat. Ainsi, elle mène des projets sur la transition énergétique, environnementale et climatique en agriculture à travers les actions de l’IRA2E ou encore le projet serre bioclimatique en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la méthanisation ou d’autres projets de valorisation des matières organiques résiduelles.
Son expertise réside aussi dans l'animation et la gestion de projet multi-partenarial en tendant le plus possible vers une posture de facilitation afin de susciter l’implication des différentes parties prenantes. Formée à l'intelligence collective et à la gouvernance partagée et ayant une appétence forte pour ces sujets, elle mène les projets en concertation avec les acteurs et la transversalité lui tient à cœur.