En France, le secteur agricole assure 20% de la production d’énergies renouvelables. Sur la base des scénarios prospectifs de l’Ademe, de négaWatt et de Solagro, le rapport del’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) indique que « cette production est amenée à croître de manière rapide pour atteindre l’objectif de la neutralité carbon en 2050. »
L’agriculture face au défi de la production d’énergie est au coeur des préoccupations de Solagro depuis sa création. Ce sujet est en effet à la croisée des activités portées par l’association et de l’accompagnement qu’elle propose pour œuvrer en faveur des transitions énergétique, agroécologique et alimentaire.
Le récent rapport d’information sur l’agriculture face au défi de la production d’énergie, produit par l’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a pu se nourrir de ces travaux. Jean-Luc Fugit, député et Roland Courteau, sénateur en sont les rapporteurs. Christian Couturier, Directeur de Solagro et Michel Duru, Directeur de recherche à l’INRA et Administrateur à Solagro ont été auditionnés pour y contribuer.
En France, le secteur agricole assure déjà 20% de la production d’énergies renouvelables. Sur la base des scénarios prospectifs de l’Ademe, de négaWatt et de Solagro, le rapport indique que « cette production est amenée à croître de manière rapide pour atteindre l’objectif de la neutralité carbon en 2050. ». Il mise sur le développement conjoint nécessaire des deux activités agricole et énergétique.
La méthanisation, une priorité
Le développement de la méthanisation dans les exploitations est l’une des grandes orientations proposées par ce rapport. Il défend une méthanisation de qualité assurant :
– « la traçabilité des intrants dans les méthaniseurs pour garantir leur pouvoir méthanogène ainsi que la bonne qualité des digestats en vue de leur épandage »
– une vigilance accrue sur « la qualité des installations par un suivi régulier des contrôles de sécurité ponctuels »
Au-delà du label Qualimétha®, créé en janvier par l’Association Technique Énergie Environnement (ATEE) pour attester de la qualité du travail de conseil et d’accompagnement des acteurs de la méthanisation, la filière a également besoin que les organes de contrôle et de suivi aient suffisemment de moyens pour jouer leur rôle et garantir la bonne utilisation des équipements.
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Le stockage des énergies renouvelables
L’enjeu du stockage des énergies renouvelables, en particulier celles variables comme le photovoltaïque et l’éolien, constitue un autre point important de ce rapport. Dans ce domaine, des projets de recherche et d’innovation portant sur des vecteurs énergétiques comme l’hydrogène ou le « power to gas » continuent de se développer.
Dès 2014, Solagro asistait la conception du premier pilote de « power-to-gas » français, sur le site de l’AFUL Chantrerie à Nantes. Les recherches sur les faisabilité technico-économqiue se poursuivent.
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L’agrivoltaïsme
Toutes les potentialités de production d’énergies renouvelables dans le secteur agricole sont à étudier et la synergie entre des projets agricoles et l’installation de panneaux photovoltaïques constitue une piste. Ce couplage peut par exemple permettre à des surfaces délaissées de retrouver un usage agricole. L’objectif de l’agrivoltaïsme n’est pas de soustraire des terres agricoles à leur vocation de production alimentaire mais bien de faire co-exister deux activités.
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Le rôle essentiel de l’éolien
Sur la question de l’éolien terrestre, les modalités de soutien sont modifiées régulièrement pour s’ajuster aux réalités économiques de la filière. Le rapport propose d’engager une réflexion sur les aides versées. Néanmoins, les deux rapporteurs en proposent une argumentation différente.
Pour Jean-Luc Fugit, « Il n’est […] pas sûr qu’il soit pertinent d’accroître les soutiens à la filière de l’éolien terrestre, celle-ci étant déjà largement développée en France et ayant bénéficié de soutiens très importants au cours des 20 dernières années. »
Mais selon Roland Courteau, « nous sommes en retard en matière d’énergies renouvelables, et nous devons accélérer notre transition énergétique. Or les énergies éoliennes et solaires permettent d’augmenter de manière significative, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique. » Solagro partage cet avis et face aux offensives multiples contre l’éolien, il semble important de réaffirmer son rôle essentiel et la nécessité du soutien public.
Et le bois énergie ?
Si elle n’est pas abordée dans ce rapport, la question du bois énergie mérite pourtant un intérêt particulier. Première source d’énergie renouvelable en France, elle provient aussi en partie de la forêt paysanne et des haies.
Les filières haies-bois peuvent désormais être certifiées par un label, le label Haie déposé par l’AFAC Agroforesteries. Il encadre la mobilisation du bois hors-forêt en exigeant une origine tracée et locale du bois et garantissant une ressource durable sans surexploitation.
Pour les agriculteurs gestionnaires de haies, le label participe à donner une valeur économique au bois. Il répond au double objectif de produire du bois énergie et du bois d’œuvre avec les garanties d’une ressource renouvelée et d’un maintien des paysages bocagers durables et fonctionnels.
En image
Les principales orientations de ce rapport de l’OPECST sur l’agriculture face au défi de la production d’énergie sont résumées en image.
Voir le rapport complet de l’OPECST
Voir la synthèse en 4 pages
Solagro travaille sur toutes ces questions, tant en amont, en recherche (au sein de l’activité bioéconomie) que sur le terrain en faisant de l’ingénierie et en accompagnant les porteurs de projets (au sein des activités agriculture-énergie-climat, méthanisation, stratégies territoriales…) mais aussi en dispensant des formations.
Conseiller/conseillère
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Ingénieur agronome avec une spécialisation “énergétique agricole et développement”, Jean-Luc BOCHU est un expert reconnu sur les questions d’économie d’énergie / énergies renouvelables, et d’émissions de gaz à effet de serre en agriculture, et plus récemment de l’atténuation et de l’adaptation de l’agriculture au changement climatique. Il est de fait confronté régulièrement aux pratiques agricoles, aux équipements et matériels. Expert aussi du séchage solaire des fourrages et des agro-équipements, il connaît particulièrement bien la question des économies d’énergie dans les divers systèmes de production agricole. Il a accompagné de nombreux projets d’évolution des systèmes et pratiques agricoles chez les agriculteurs, en cultures ou en élevages. Co-concepteur des outils PLANETE, DIa’terre®, Dialecte, ACCT et ACCT-DOM, il est spécialiste des méthodes et outils de diagnostic énergie-GES des exploitations agricoles et s’intéresse aux méthodes de label bas carbone en agriculture. Il coordonne au sein de Solagro l’activité “Agriculture-Énergie” et le développement de l’agrivoltaïsme. Il réalise des études et anime l’équipe des chargés de projet sur ces missions.
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